vendredi 13 juin à l’hôtel Le Vendôme à Oran, le Dr Mohamed Laifa, président de la société, a souligné l’importance de créer un espace d’échange interactif entre médecins et chercheurs. L’événement a connu une participation remarquable de praticiens venus de plusieurs wilayas de l’Ouest algérien, témoignant de la dynamique croissante que connaît la SARM en un laps de temps relativement court.
Dans un entretien accordé au site Le Journaliste, le Dr Mohamed Laifa, président de la Société Algérienne pour la Recherche Médicale (SARM), est revenu sur la vision qui anime la société depuis sa fondation en 2019, et sur son ambition d’intégrer la recherche médicale scientifique dans la pratique quotidienne des hôpitaux et universités algériens.
Le Dr Laifa, spécialiste du diabète, a expliqué que la société vise à dépasser les frontières classiques des spécialités médicales :
« Nous sommes une société non thématique, non rattachée à une spécialité médicale précise. Cela nous permet de bâtir des ponts entre les praticiens et les chercheurs, entre le terrain et le laboratoire, entre les différentes branches médicales et biologiques. »
« Nous croyons que la recherche médicale ne doit pas rester confinée aux laboratoires ou aux grands congrès. Elle doit se pratiquer ici, en Algérie, dans notre environnement, avec nos propres moyens », affirme-t-il, faisant référence à la philosophie de la SARM qui consiste à relier le terrain aux connaissances scientifiques produites localement.
Ce qui distingue la SARM, selon son président, c’est son ouverture envers les jeunes talents universitaires, notamment ceux issus des filières biologiques, souvent marginalisés dans les événements médicaux.
« Nous avons ouvert nos portes aux jeunes chercheurs venus de toutes les régions du pays. Ils peuvent désormais présenter leurs travaux, discuter leurs idées et participer activement à la dynamique nationale de la recherche médicale. »
Les thèmes abordés par la SARM couvrent une large palette de pathologies, allant des maladies métaboliques et des cancers aux maladies infectieuses, tout en tenant compte des disparités régionales dans la prévalence de certaines affections entre le nord et le sud, ou entre l’est et l’ouest du pays.
Vers des recommandations médicales locales
En évoquant les objectifs de la société, le Dr Laifa a insisté sur la nécessité de produire des recommandations médicales algériennes qui tiennent compte des réalités sociales et religieuses du pays :
« Nous avons entre 4 et 5 millions de diabétiques en Algérie. Pourtant, nous continuons de suivre des recommandations étrangères sur le jeûne pendant le Ramadan, souvent issues de pays non musulmans. N’est-il pas logique de produire nos propres directives basées sur des données locales ? »
Bien que la société ait été fondée officiellement en 2019, son lancement effectif n’a eu lieu qu’en 2022, en raison de la pandémie de Covid-19. Depuis, elle a organisé plusieurs forums et lancé une revue scientifique périodique qui en est actuellement à son troisième numéro, disponible sur le site officiel de la société : sarmdz.com.
« Nous voulons prouver que la recherche médicale est possible ici, en Algérie. Nos hôpitaux, nos patients et nos universités regorgent de richesses scientifiques encore inexploitées. »
Le Dr Laifa considère que la création d’un espace de dialogue entre médecins et chercheurs est la clé de voûte pour construire une médecine algérienne intégrée, enracinée dans son contexte, et non un simple transfert de recommandations étrangères inadaptées à la réalité locale